Bien sûr les paysages grandioses et les lumières fastueuses ;

Mais aussi des écossais communicatifs, avenants avec quelques mots simples plein d’humour pour les marins de passage que nous sommes. Des commerces aux façades crânement colorées, proposant d’anciens articles, ou qui nous semblent tels , le nécessaire de tous les jours, voire le strict nécessaire, des cartes postales toutes nouvelles, et à l’envie des bouts de tweed, à patchwork ou autre.

En campagne et en ville, d’humbles petites maisons en granité,  surtout aux  îles Hébrides,  souvent maisons jumelles,  ayant oubliées d’être belles mais qui restent soignées,  appliquant la bonne vieille méthode de la récupération et du détournement d’objets. Patchwork là aussi, de bois flottés faisant sculptures, de bouées et morceaux de filets ornant des massifs de fleurs simples, les seules qui résistent au vent et que l’on retrouve alentours, mais qui, entremêlées, entretenues, métamorphosent, à force de débrouillardise, ces jardinets en petits joyaux attendrissants.

On sent que c’est pas tous les jours dimanche, et encore moins l’insolent été qui nous a permis de monter si nord, mais les gens sont enjoués, saluent, causent, encore plus au pub quand les bières, le whisky ou leur excellent gin ( « the Botanist » it’s the best) délient les gens et les langues, même différentes.

De loin en loin, surtout vers la pointe Nord,  quelques maisons désertées aux fenêtres et portes murées qui ajoutent à la lande fauve, une part de morosité. Partout des moutons, plutôt peureux, détalant à l’approche, dont les bêlements incessants font partie du paysage, tout comme leurs mèches de laine dont ils encotonnent la campagne derrière eux.  Par endroits, les champs sont striés de cicatrices, la tourbe étant prélevée en lambeaux épars, offrant là aussi au regard, un patchwork  de dénivelés verts et noirs,  rappelant qu’ici on se chauffe à la terre.

De temps à autre une cornemuse qui s’en mêle, un pipe band, un orchestre de quelque chose au hasard d’un port, ce soir-là qui est le bon, pour ambiancer le tout. Et puis, l’écriture gaëlique, les lettres calligraphes, élégantes et compliquées à souhait, qui forment des mots gentiment imprononçables pour nous, mais qui semble la base articulée de cette vie rustique, rude et bien modeste pour la plupart.